la voie du guerrier

Publié le par patricia

Je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager un article écrit par cet homme  , un passionné d'arts martiaux , un chercheur, un grand pratiquant et un homme pas ordinaire

 
LA VOIE DU GUERRIER 
Par Erle Montaigue

Un guerrier, ce n’est pas seulement quelqu’un qui a étudié des mouvements particuliers, qui peut donner un coup de pied à 150 km/h ou qui sort vainqueur d’une compétition. Un guerrier doit mériter le titre de guerrier. Il connaît des choses qui vont bien au-delà du combat. Sa seule présence dans une pièce pleine de monde amène un calme immédiat. Le seul fait qu’il touche la tête, le bras ou la main d’une autre personne apporte à celle-ci tranquillité intérieure et apaisement. On reconnaît le guerrier non à son apparence extérieure, à ses gros biceps, ses manches relevées sur une rangée de tatouages, son crâne rasé ou au costume qu’il exhibe, mais à sa présence et au bien-être qu’il apporte à chaque personne qui l’approche. Chacun d’eux est touché par son énergie, son Qi. Rien de physique ne se passe, c’est plutôt une sensation interne. La paix s’installe en eux.

Le guerrier perçoit la Terre d’une façon différente de celle des autres. Tout, du plus petit insecte au plus gros mammifère, l’arbre ou le caillou le plus insignifiant, tout lui est important, tout vit. Il remercie l’herbe qu’il foule aux pieds et les arbres qui lui donnent ombre et oxygène. Tout a son importance, tout a été généré par notre mère la Terre dans un but précis. Bien sûr, il doit vivre en homme de son temps, il peut conduire une automobile, aller au super marché et tondre son gazon, mais jamais il ne perd de vue qui il est et surtout, Où il est. Il sait que ce qu’il est, ce n’est pas seulement ce qu’il a fait, mais aussi ce qui lui a été transmis par ses ancêtres et qui s’est accumulé dans ses cellules. Tout cela, c’est lui ; toutes ces parcelles d’information collectées par ses aïeux, sont en lui. Et c’est aussi pourquoi nous vivons à travers nos enfants, en leur passant, au sens propre du mot, notre connaissance par le biais des éons qui se sont accumulés depuis le commencement des temps. Au moment même où nous concevons nos enfants, tout ce que nous sommes passe en eux.

Nous pensons tous que nous possédons un certain talent, mais le guerrier, lui, sait que tout ce qu’il est vient de l’aube de l’humanité. Il sait qu’il est fait de la même matière que le rocher, l’arbre ou le brin d’herbe et que la différence est seulement physique. Il sait qu’il ne possède rien, que tous les animaux sont libres. Ce sont ses animaux qui l’ont choisi, ce n’est pas lui qui est allé au magasin pour les choisir. Le guerrier communique avec la Terre, parle aux chiens, aux chats, aux chouettes, aux serpents, non pas tant par la parole que par le simple fait d’être. Voilà quelque chose que tous les êtres de cette planète ont en commun : Etre. Il sait qu’il existe des forces à l’œuvre sur cette Terre avec lesquelles il lui faut composer et suivre, sous peine de périr. C’est son énergie qui lui donne son pouvoir de se joindre à elles et de se transformer. Mais cela ne peut s’acheter, même s’il sait aussi qu’on ne peut recevoir sans en avoir auparavant payer le prix.

L’Univers tout entier est basé sur le principe de donner et prendre, c’est le yin et le yang. Chaque montée implique une descente, chaque joie une tristesse, chaque plénitude un vide. Le guerrier sait qu’il doit lâcher pour gagner et c’est pourquoi il sacrifie. Il sacrifie sa nourriture, ses besoins sexuels, son confort, afin d’acquérir le pouvoir de changer et d’aider les autres à changer. Du moins, pas pour aider spécifiquement les autres, mais pour avoir en permanence la puissance interne pour aider les autres à trouver la paix et, ce faisant, à comprendre eux aussi où ils sont et qui ils sont. Nous ne sommes que les fils ou les filles d’un tel et d’une telle, fils ou fille d’une infinité de gens qui nous ont transmis des cellules au fond desquelles réside la véritable substance de la création de tout ce qui peut exister, et cela, non pas depuis le commencement des temps car il n’y a ni commencement, ni fin.

Le statut d’artiste martial ne constitue qu’un centième de la nature du guerrier. C’est seulement une partie d’un tout qui nous donne, d’une part, la confiance pour faire acte de guérisseur, et, d’autre part, l’énergie interne qui est à l’origine du changement.

Le guerrier sait qu’il n’y a pas d’enseignants mais des guides qui, lorsque nous les rencontrons, peuvent nous communiquer quelque chose d’ordre interne, quelque chose de plus qui nous permet de devenir nos propres enseignants. En étant simplement ce qu’il est, un guide nous aide à réaliser ce que nous sommes, à devenir notre propre professeur, car le guerrier sait que, enchâssée en toute chose, existe la première graine qui contient toute information.

Il étudie pour apprendre à lire cette information qui vient d’abord par flashes. Ces flashes sont trop forts pour un cerveau humain manipulé qui coupe dès que survient l’un d’eux. Puis il apprend à les lire et ils durent alors plus longtemps. Le guerrier reconnaît le moment de lire. Il apprend à communiquer autrement qu’en parlant. Il sait que quelqu’un s’occupe de ses besoins matériels et qu’il n’a pas à s’inquiéter de savoir d’où viendra l’argent pour payer sa prochaine traite. Il trouve sa place sur terre et reste là où il trouve du pouvoir agir. Il ne recherche pas ces lieux physiquement mais plutôt, il est “pris” là où il doit être et il y reste ; le monde entier y passera. Il n’a pas besoin de voyager parce que la voie de l’Univers est là, en lui, et que ceux qui doivent s’y plonger le feront le moment venu, de la même manière qu’il l’a fait lorsqu’il parcourait lui-même le monde à la recherche de ses propres guides. Ils apprendront aussi d’eux-mêmes, de l’intérieur. Ils trouveront, eux aussi leur propre place. Il ne les reverra peut-être jamais mais cela ne le rend pas triste, il reste en contact. Le guerrier n’est ni le maître, ni le sifu, ni le sensei. Ce sont juste des mots que l’on accole devant un nom pour se rendre important ou se mettre au-dessus de ceux dont on est le guide. Le guerrier est l’ami de son élève, il ne peut donc être son maître. Il ne souhaite pas rencontrer les élèves qui cherchent un maître, et ceux qui ont besoin d’un maître ou d’un sensei ne resteront pas près de lui. Ils continueront de chercher jusqu’à ce qu’ils réalisent que ce qu’ils cherchent est en eux et que seule leur quête peut leur servir de guide.

- Par Erle Montaigue 
- Article paru dans Combat and Healing. Traduction Michel Le Gac 

Publié dans peuples

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J
Magnifique. Décidément ce Erle Montaigue est un grand bonhomme et pas seulement dans l'art martial. J'ai particulièrement aimé le passage sur les maîtres. Merci pour cet article.
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